I love you Chewi Chewi
L'heure est grave, je deviens vieille. Pas ridée, non ça va, mais vieille.
Avant de voir Chéri, réalisé par Stephen Frears par exemple, je n'avais jamais "pas aimé un film" sous prétexte qu'il était différent du film. Pour moi, un livre c'était un livre et un film, c'était un film. Du papier contre de la bobine en quelques sortes. Si je n'aimais pas un film, c'était pour des raisons propres au film. Des acteurs plus que moyens, une réalisation aussi originale que des demi-bas noir vendus à la demi-douzaine, un scénario mal ficelé. Et jamais le fait que l'histoire originale était malmenée, rapiécée ou tronquée.
Or depuis, il y a la jurisprudence Chéri.
Stephen Frears, je l'aime. Si Stephen Frears n'était pas de la jaquette, à l'heure qu'il est, je serais sa femme. J'habiterai à Londres ou dans les Costwords, et pendant les vacances, on irait à Jaipur.
Faites pas la tronche, il y aurait plein de chambre d'amis, de la porcelaine fine et de la crême chantilly.
Or là, face à Chéri, je suis perplexe. Les acteurs sont trés bons. Mais les décors somptueux et colorés nuisent à l'intrigue et au propos. Le livre est vraiment triste. Chéri, un jeune beau insousciant, et Léa, une vieille maîtresse proche de la retraite, sont forcés de mettre un terme à leur relation car Chéri doit épouser la riche fille d'une autre cocotte vieillissante. Chéri ne pourra plus essayer de devenir le propriétaire du beau collier de perle de Léa, et elle, pourra enfin, après une vie passée à gagner sa vie dans son lit, y dormir seule. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, Chéri et sa jolie femme Edmée formeraient un couple mieux assorti, et Léa finirait sa vie seule et riche, comme les courtisanes se doivent de le faire.
Oui mais Chéri aime Léa et que Léa aime Chéri. Donc l'adieu qui se fait en quelques instants se transforme en séparation douloureuse et déchirante.
Le problème du film, c'est que tout ce qui est autour devient étouffant. Trop de couleurs, trop de dorures, trop de fleurs et de tenues parfaites ( A vendre Père et Mère pour pouvoir s'offrir les robes de Michelle Pfeiffer). Pour servir l'histoire et le drame qui se joue entre les deux amants, il aurait fallu une mise en scène minimaliste et un décors pastel, parfois presque poussiéreux où la peinture s'effrite. Là, on est presque plus au spectacle autour de tout ce qui entourre les personnages et leur histoire si triste soit-elle, a eu du mal à me toucher. La dernière scène où la caméra suit Chéri qui s'en va est fort jolie. Mais la voix off de Stephan Frears est de trop. Elle l'est pendant tout le film en fait. Je me croyais presque dans Mrs Henderson presents...
Là vous voyez, ce n'est pas trop coloré, mais le reste du film l'est. Ca faisait bonbon boudoir. Parfois j'aime ce genre d'atmosphère. Mais là, je n'ai ni aimé, ni détesté. J'étais entre les deux, c'est un sentiment vraiment étrange...
En fait, je suis restée sur mon siège, assez extérieure à leur histoire. Il y avait parfois des touches de cruauté comme Stephen Frears à la fin (voix-off) qui met en parallèle la vieillesse de Léa et la fin de la Belle-Epoque.
Bon allez-y tout de même, parce que c'est un film anglais et qu'on a jamais trop de film anglais. Mais je prédis un meilleur avenir à The Boat that rocked dans mon panthéon personnel!